Quiconque n’a pas l’esprit englouti par le flot des faits divers peut déduire des nouvelles succinctes données par les médias français ce simple fait : la catastrophe nucléaire de Fukushima, débutée en mars 2011, se poursuit et s’amplifie même de jour en jour, ne serait-ce que par la contamination croissante de la mer. Qu’on ne s’y trompe pas, le problème n’est pas « médiatique » : les nouvelles seraient-elles moins succinctes et dûment twittées sur les « réseaux sociaux » que l’indifférence n’en serait pas ébranlée. Car c’est moins « l’information » qui fait défaut que la curiosité combative qui, rencontrant l’information, peut seule ruiner les mensonges.
Parler de la catastrophe japonaise, c’est aussi parler de la France : avec ses 58 réacteurs nucléaires plus ou moins vieillissants et ses sites atomiques « à risque » bien répartis sur le territoire, la France se trouve exposée, partout et à chaque seconde, non seulement aux pollutions que suppose le fonctionnement « ordinaire » de l’industrie nucléaire, mais aussi à des désastres semblables à ceux de Kychtym, Three Mile Island, Tchernobyl ou, dans des proportions encore jamais atteintes, Fukushima.
Nadine et Thierry Ribault, qui partagent leur vie entre le Japon et la France, nous présentent « Les Sanctuaires de l’abîme » – où les vivants ne peuvent récupérer leurs morts car trop contaminés. Cette « chronique du désastre » met l’accent sur les caps franchis par la propagande et la « gestion » des populations locales. Elle est nourrie d’éléments historiques, économiques et socioculturels peu ou mal connus.
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